Ah, l’ingénierie de l’Albatros! Une coque géniale comme point de départ puis deux protos, mais le résultat n’est pas encore à la hauteur pour les utilisateurs.
Je vais illustrer mon propos par l’exemple de l’articulation de la dérive. Elle permet bien sûr à la dérive de s’auto-aligner sur l’axe de la carène qui change avec la gite. C’est son gros avantage. Mais les paliers de l’axe de la dérive sont en plastique dans les premiers modèles de production et cèdent dans les chocs répétitifs. Résultat de cette rupture structurelle, de l’eau entre en permanence dans la coque, la dérive donne de grands coups avec les vagues et les irrégularités du vent et finalement, ce n’est pas simple de retirer la dérive pour entretien.
Mon bateau n°008 a laissé de l’eau (salée) entrer dans sa coque, très certainement par le trou au niveau d’un palier d’axe de dérive. Mon plan pour l’hivernage 2014-2015 avant de découvrir le trou au niveau du palier était d’enlever la dérive et d’étancher le puits de dérive avec un bon mastic polyuréthane. Cela devrait être simple, non?
Suivez moi pas à pas.
Première étape. Mettre la coque à 90° sur son coté bâbord le long d’un mur de mon garage. Cela n’a pas été facile en solo et j’ai dû demander de l’aide. J’ai mis en place des points d’appui sur le mur et utilisé l’accastillage pour faire deux palans et lever le coté tribord.

Deuxième étape. J’ai construit un chariot avec cinq roulettes, des planches, des pieds métalliques, des boulons poêliers, des équerres et des baguettes de bois dur, tout cela trouvé au Casto du coin.

Ce chariot est exactement à la bonne hauteur pour supporter la dérive sans aucun effort ni sur le puits de dérive ni sur l’axe de la dérive. La roulette centrale est ajustée en hauteur au mm.

Troisième étape. J’ai essayé de retirer la dérive et je n’ai pas initialement réussi. Il faut pour cela d’abord enlever un fer en U qui est placé verticalement à l’avant du puits de dérive pour empêcher l’axe de la dérive de bouger. Ce mécanisme de blocage de l’axe de rotation de la quille ne repose que sur le frottement et la gravité du fer en U pour fonctionner. Sur l’eau et en particulier dans les vagues il a tendance à monter de 1-2 cm avant d’aller buter sur le rebord du pont et ce faisant il permet alors à l’axe de la dérive de se déplacer vers l’arrière puis éventuellement vers le haut avec les vagues. Dans mon garage, alors que cette pièce bougeait à mal escient sur l’eau, cette même pièce est devenue très difficile à enlever! Un comble. Je ne comprends pas pourquoi. J’ai passé un coup de fil à Jung et il me dit d’utiliser la force, de s’y mettre éventuellement à plusieurs et qu’il n’y a pas de procédure particulière pour bien faire l’opération.

Alors j’ai placé la dérive dans la meilleure position possible (à 45°) et avec une barre à mine j’ai donné de grands coups sur le bas du fer pour le forcer à sortir vers le haut. Cela a bougé doucement.



Sur cette photo prise du coté pont, on voit bien l’axe de la dérive et le fer vertical en U et entre les deux l’extrémité de la barre à mine qui pousse, coup après coup, le fer en U vers le haut.

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Commentaires sur Facebook
16 janvier 2015
Michel Orlinski: Après vous avoir rencontré et essayé votre Albatros (pour ceci je vous en remercie) j’ai cru comprendre que vous vouliez que la classe se développe, c’est mon cas également, malheureusement je crains que vos remarques permanentes pénalisent ce superbe bateau, je suis tout à fais d’accord que dans toute construction il est possible d’amener des améliorations . En tous cas je ne vous suggère pas de vendre le bateau mais au contraire d’en retirer les points positifs d’en faire part et de contribuer dans la carrière de ce bateau. Vous même vous m’aviez fais part de votre volonté de concourir avec d’autres Albatros, essayons de le réaliser.
Jean-marie Finot: il en est de même de nombreux produits, voiliers depuis des millénaires, la plaisance moderne en est l’exemple: depuis Knox Jonson la vitesse en solitaire autour du monde a sensiblement triplé, depuis Lamazou sensiblement doublée en 15 ans. depuis 1954 le 505 a évolué sensiblement, le prix aussi. il a fallu pour faire un nouveau style de bateau remettre le problème à plat et refaire une route qui a demandé des décades à réaliser… il serait agréable pour tous les acteurs (35 sociétés , universités, centre de recherches, soit 60 personnes environ) de sentir un soutien, d’être aussi félicités pour certains progrès accomplis et pas uniquement critiqué sur la lenteur de notre travail, sur les défauts qui devraient être corrigés (alors qu’on y travaille) …..
Jaffar VoileLegere: Jean-marie et Michel, vous êtes l’un architecte et l’autre constructeur de bateaux mais je crois que vous vous êtes trompés de métier car vous essayez maintenant d’être ce que les américains appellent des « spin doctors ». Je suis acheteur et je décris candidement et honnêtement ce que je constate. N’essayez pas de vous en prendre au porteur du message mais battez vous plutôt en apportant des solutions de qualité au produit. Jean-marie, vous avez mis plusieurs années à développer l’Albatros et vous avez construit deux prototypes pendant cette longue période et donc je ne pouvais honnêtement pas anticiper encore plus ni autant de mise au point APRES mon achat ! Nous sommes au 21e siecle et au Nautic 2014 par exemple plusieurs voisins du stand de l’Albatros avaient lancé des produits mieux finis dans des délais bien inférieurs. Ne soyez pas aussi cavaliers avec vos clients si vous voulez les fidéliser. Communiquez avec eux en leur donnant des informations concrètes, en privé ou en public, sur les problèmes rencontrés et les solutions en préparation. Soyez à l’écoute et essayez d’anticiper les besoins des clients. Informez les pour les faire patienter au lieu d’apparaitre nier l’existence de problèmes. Aidez nous à vous aider. Le reste c’est du Sirocco.
18 janvier 2015
Michel Orlinski: Bonsoir Jaffar, en premier lieu je ne suis pas constructeur mais intermédiaire, par ailleurs personne ne nie les défauts mais au contraire tout le monde s’emploie à amener des améliorations. En ce qui me concerne je trouve qu’il prétentieux de constamment remettre en question un architecte qui n’a plus rien à prouver à qui que ce soit, encore plus à vous ou à moi. Son travail sur l’Albatros est remarquable et constitue un progrès dans la voile légère comparable à l’époque de l’évolution des 60′ sous le crayon de … je vous laisse deviner. Comme j’ai pu le spécifier plus haut toutes les remarques constructives sont prises en compte et beaucoup des personnes positives croient en évolution, développement de la classe. Pour moi le sujet est clos aujourd’hui et je n’y reviendrais plus. Merci pour cet échange et à bientôt sur l’eau.
19 janvier 2015
Jaffar VoileLegere: Michel, pourquoi est-ce si dur d’être transparent et d’avouer que l’on a un intérêt à ce que la discussion aille dans un certain sens? Je ne suis pas prétentieux, je suis acheteur de l’Albatros 008 et je documente mes aventures en voile sur mon blog comme je le fais depuis 1998. Comme vous m’accordez des intentions que je n’ai pas, vous n’avez pas lu attentivement ce que je dis. J’ai décris des détails que je n’aime pas comme la fourche de bôme (soyez honnête, écrivez ici ce que vous m’aviez dit sur l’eau à propos de cette fourche!), l’eau dans la coque et la quille qui bouge dans les vagues. Il se trouve que ces deux derniers « détails » sont dû aux choix du constructeur Sotira qui a proposé une variante par rapport aux plans architecte. Pour les premières pelles offshore et pour tous les grands bateaux qu’il a produit, Finot pouvait s’appuyer sur un bon bureau d’ingénierie avec une bonne expérience navale, ce qui ne semble plus le cas pour l’Albatros. Je suis tout à fait d’accord pour que le bateau évolue mais dans quelle direction? Finot ne dit rien à ce sujet ni en public ni en privé avec moi au Nautic par exemple. Je lui ai parlé de la fourche à remplacer par un vrai vit-de-mulet mais il m’a dit qu’il aimait bien cet aspect « rétro » du bateau qui permettait de placer la bôme plus haut avec la petite GV école. J’ai pris cette réponse pour une fin de non recevoir. Il ne faut pas « croire » dans une évolution, il faut tout simplement le faire et informer les acheteurs passés et futurs sur la direction prise. Rien n’est plus pénible que ne pas savoir quand le changement viendra ni quelle direction il va prendre. J’ai 71 ans et mes meilleures années de voile sont derrière moi, alors permettez moi d’être particulièrement touché par la situation. Pourquoi refusez vous de vous placer dans ma peau?